Méditation / douleur

La méditation peut-elle avoir des vertus thérapeutiques ?

Par Stéphany Orain Pelissolo, Psychologue-psychothérapeute. TCC, Thérapie des schémas, ACT, EMDR, MBCT, MBSR – Superviseur TCC et MBCT Formatrice d’instructeurs MBCT agrée par le Prof. Zindel Ségal. Enseignante à l’AFTCC . www.mbct-france.fr

Extraits de son livre : Etreindre votre douleur, éteindre votre souffrance.

Oui, mais la méditation ne remplace pas le traitement médical. C’est très important de bien comprendre qu’il s’agit d’une pratique complémentaire, qui permet à certaines personnes, notamment aux patients qui souffrent de troubles anxieux ou dépressifs, de diminuer leurs traitements voire de les arrêter (sur la seule décision de leurs médecins traitants). Les patients ont à leur disposition des outils qui peuvent leur permettre de ne pas rechuter après l’arrêt du traitement. Cependant certains patients qui présentent des troubles sévères comme par exemple des troubles bipolaires, des troubles dépressifs graves ou des troubles obsessionnels compulsifs ne cesseront jamais vraiment leurs traitements médicamenteux et la méditation leur permettra de mieux vivre avec leur maladie.

La douleur est inhérente à notre condition d’être humain, nous ne pouvons pas l’éviter, note Stéphany Orain-Pelissolo. La souffrance, elle, émerge dès lors que nous refusons de vivre une expérience douloureuse (tristesse lors d’un deuil, douleurs neuropathiques…). Dans ce cas, des mécanismes se mettent en place (lutte contre la douleur ou fusion avec elle) qui transforme, petit à petit, la douleur en une souffrance bien plus globale et pénible.  Avec la thérapie basée sur la pleine conscience, l’objectif est de réduire cette souffrance-là même si la douleur initiale persiste.

Méditation thérapeutique : distinguer douleur et souffrance

La souffrance émerge dès lors que nous refusons une expérience douloureuse. Avoir mal est inhérent à notre condition d’être humain ; cette approche ne nous permettra pas d’éviter la douleur. Par contre, nous allons modifier notre manière d’être en relation avec la douleur et ainsi éviter de souffrir. Un rapport qu’elle qualifie d’accueil bienveillant : « La douleur est là, il ne peut en être autrement. Lutter contre la douleur fait souffrir davantage. Il faut apprendre à vivre avec. Pour ça, on s’aide de sa respiration, on apprend à ressentir la douleur telle qu’elle est et ainsi à éviter de se fixer sur elle. 

La méditation pour lutter contre la douleur physique et psychique

Dans les groupes de thérapie basée sur la pleine conscience, elle reçoit aussi bien des personnes souffrant de douleurs psychiques (trouble de l’humeur, trouble anxieux, trouble du comportement alimentaire…) que de douleurs physiques. Quel que soit le mal, Stéphany Orain-Pelissolo ne parle jamais de diagnostic, ça déstigmatise et élargit le champ d’attention. Finalement, peu importante la manière d’aborder la douleur physique ou morale, elle est universelle. C’est aussi une façon de rappeler que les personnes qui sont là sont venues en tant qu’êtres humains, elles n’ont pas à rentrer dans des cases.

Gérer la douleur grâce à la méditation en 3 étapes

Après avoir présenté les mécanismes en jeu aux participants quand ils sont confrontés à la maladie, la psychothérapeute développe son suivi en 3 temps, des images mentales pour contrer notre attention volatile :

  • Rééduquer l’attention

On apprend à désengager l’attention de la douleur pour l’orienter vers d’autres sensations (sons, odeurs, parties du corps moins douloureuses…) en travaillant avec tous les sens. L’intérêt de la pleine conscience : porter son attention ailleurs pour cultiver les sensations agréables.

  • Apprendre à dézoomer

Avec la médiation de pleine conscience, on élargit le champ de l’attention. On accueille la douleur en étant conscient de tous les autres ressentis. « Vous n’êtes pas que cette douleur, vous n’êtes pas que cette maladie », martèle Stéphany Orain-Pelissolo. Le mécanisme en jeu ici est la défusion avec la douleur, la prise de recul. « Pour ça, on se concentre sur sa verticalité, sa respiration, la sensation du corps assis sur la chaise…  Ce qui dilue la douleur et la rend moins intense.

  • Accueillir la douleur, aller à sa rencontre

Toute émotion douloureuse a une résonnance physique et les pensées au sujet de celle-ci ne font qu’augmenter la douleur. On apprend à revoir le lien qu’on a avec elle. Au lieu d’anticiper sur les répercussions de ces maux, on aborde les choses avec une approche corporelle : on se demande où se situe la douleur précisément, quelle est sa forme, sa texture, son intensité… Avec un travail de respiration, on invite son attention à se diriger au cœur de cette douleur, sans chercher à la modifier, juste la ressentir. Sur la 3e étape, pour ne pas souffrir, on propose aux pratiquants de la méditation de pleine conscience de traiter la douleur en allant à la rencontre de leur douleur. Une démarche qui exige un passage obligé par les deux premières phases.