MBSR, MBCT et leurs effets

Mécanismes cérébraux de la Méditation

Les découvertes des bénéfices de la méditation coïncident avec de récentes découvertes neuroscientifiques concernant la plasticité cérébrale c’est-à-dire que la méditation finit par modifier le cerveau, comme le font tous les apprentissages.

La méditation recâble des circuits neuronaux (c’est-à-dire créer de nouveaux réseaux), ce qui produit des effets salutaires sur l’esprit et le cerveau, mais aussi sur le corps tout entier.

« Quand vous méditez tous les jours, de 30 à 40 minutes, explique Antoine Lutz, chercheur en neurosciences, cela va avoir un effet physiologique sur le cerveau. Le cerveau d’une personne déprimée présente une hyperactivation de certaines régions cognitives. A l’inverse, la neuroplasticité peut permettre de changer des habitudes mentales, permettre la déconnexion de certains réseaux et changer la structure même du cerveau. Des effets sont notés dans des études cliniques sur des expériences de huit semaines, à raison d’une heure par jour

  •  Meilleure stabilité émotionnelle

Le volume de l’amygdale qui est anormalement active dans les états anxieux et dépressifs (zone d’où sont lancés notamment les messages d’alerte émotionnelle, zone impliquée dans la peur, le stress, l’agressivité) est diminué.

  •   Augmentation de l’épaisseur corticale

L’épaisseur corticale est augmentée dans l’insula antérieure impliquée dans la conscience intéroceptive et dans l’évaluation de l’intensité de la douleur ainsi que dans le cortex préfrontal qui est impliqué dans les processus attentionnels.

  • Augmentation du volume de matière grise

La substance grise est augmentée dans les aires cérébrales impliquées dans les processus d’apprentissage et de mémoire, dans la régulation des émotions : ces zones sont l’hippocampe gauche (régulation de l’émotion, apprentissage, mémoire), le cortex cingulaire postérieur, la jonction temporo-pariétale et le cervelet.

  • Protection contre le vieillissement cellulaire

La méditation contribue à augmenter l’activité des télomères. Les télomères, situés à l’extrémité de nos chromosomes, sont porteurs de notre patrimoine génétique. La méditation augmente leur longueur ainsi que l’efficacité de l’enzyme qu’ils libèrent, la télomérase, ce qui a un effet sur la viabilité des cellules à long terme, alors que leurs longévités diminuant avec le stress chronique.

L’étude Shamatha (Pr Clifford Saron, Center for Mind and Brain, Californie), toujours en cours, réunissant des généticiens et des spécialistes de biologie moléculaire, a mis en évidence qu’en réduisant le stress et ses effets toxiques sur l’organisme, la méditation rallongerait les télomères et augmenterait le taux de télomérase. Ils viennent de mettre en évidence que la méditation peut influencer l’un des mécanismes les plus fondamentaux de notre biologie : le vieillissement cellulaire. Cette découverte est vraiment stupéfiante ! Cela signifie qu’en méditant, nous influençons notre ADN. 

  • Modulation des mécanismes cérébraux de la douleur

Réduction de l’intensité douloureuse ressentie et réduction du caractère déplaisant de la douleur (réduction de la composante émotionnelle de la douleur chez les patients douloureux c’est-à-dire qu’ils la sentent encore, mais sont moins dérangés par elle).

Effets extra-cérébraux de la Méditation

La méditation modifie les taux circulants de neurotransmetteurs « classiques » :

  • Diminution de la noradrénaline : Hormone polyvalente. Une récente étude scientifique (Global Brain Health, Trinity College Dublin, 2018) établit un lien neurophysiologique direct entre notre respiration et notre attention. La méditation, grâce à une synchronisation respiration-attention, permettrait de réguler le taux de noradrénaline, ce qui réduirait le déclin cognitif lié à l’âge dont, la forme principale de ce déclin est la maladie d’Alzheimer.
  • Augmentation de la dopamine : qualifiée d’hormone de l’action, intervient dans la motivation pour agir, atteindre nos objectifs.
  • Augmentation de la sérotonine qui régule nos humeurs, agit comme un euphorisant. On observe un déficit important de la sérotonine chez les personnes souffrant de dépression, les anti-dépresseurs sérotoninergiques ont comme objectif la production de sérotonine.
  • Augmentation des endorphines ou hormones du plaisir, bien connues des sportifs, elles ont un effet euphorique, anxiolytiques (soulage l’anxiété) et antalgiques (apaise la douleur).
  • Augmentation de l’ocytocine, hormone de l’amour, libérée par les hommes et les femmes lors de l’orgasme. Elle a un rôle essentiel dans le processus de fidélité et d’attachement, elle contribue à l’amour des parents pour leurs enfants, facilite les relations humaines, l’empathie, la confiance, les sentiments positifs et diminue le stress.

Par conséquent, l’amour, le plaisir, le bien-être, la plénitude, facteurs que l’on considère comme des composants du bonheur, ont des constituants biologiques qui sont influencés par une pratique de la méditation.

La méditation régule le système immunitaire en stimulant la production de globules blancs qui luttent contre les virus et bactéries.

Indications spécifiques MBCT (santé mentale)

Indications d’un programme de groupe de type MBCT (Thérapie Cognitive Basée sur la Mindfulness)  efficace dans les pathologies psychiatriques suivantes :

  • Réduction des rechutes dépressives : Réduction des symptômes dépressifs, amélioration du bien-être (Teasedale & al., 2000, Ma & Teasdale, 2004, Eisendrath 2008, Segal 2010, Godfrin & al., 2010, Piet & Hougaard, 2011, Kuyken & al., 2016, Williams & al., 2016)
  • Amélioration des troubles anxieux (anxiété sociale, trouble anxieux généralisé, syndrome anxio-dépressif) (Kabat-Zinn & al., 1992, Goldin, 2009, Kim YW., 2009, Hofman & al., 2010, Vollestad & al., 2012, Chen & al., 2012, Norton & al., 2015)
  • Amélioration des troubles du comportement alimentaire : Diminution de la fréquence et de l’intensité des crises de boulimie, amélioration du rapport à la nourriture, amélioration du schéma corporel (Wanden-Berghe, 2011, Godfrey & al., 2015)
  • Effets bénéfiques dans le TDAH (patients souffrant de troubles de l’attention et d’hyperactivité) : Amélioration des capacités attentionnelles et exécutives, diminution des symptômes anxieux et dépressifs (Zylowska & al., 2008, Cairncross & Miller, 2016)
  • Addictions : Diminution de l’abus de substance (alcool, tabac, cannabis) : Prévention de la rechute et diminution de la consommation de toutes substances confondues (Brewer 2009, Bowen 2009, Zgierska 2009, Brewer 2011, Carim-Todd  2013, Oikonomou & al., 2016)
  • Schizophrénie : Effets bénéfiques sur les symptômes de la schizophrénie (Louise & al., 2017, 2018)

  Indications dans d’autres domaines :

  • Trouble du sommeil (Winbush & Gross, 2007, Gong, 2016)
  • État de stress post-traumatique (Hanstede, 2008, Hilton & al, 2016)
  • Troubles obsessionnels compulsifs (TOC) (Kimbrough et al, 2010)
  • Diminution des réactions anxio-dépressives face à une maladie chronique : hypertension, diabète (Hartmann & al., 2012), séropositivité/sida (Gayner B., 2012, Reilly & al, 2014, Yang & al, 2014),…
  • Cancer : Amélioration de la détresse, de l’humeur et de la qualité de vie pour les cancers en général (Musial & al, 2011), le cancer du sein en particulier (Huang & al., 2015), réduction des symptômes anxieux et dépressifs et amélioration de la qualité de vie (Foley E. & al., 2010, Piet & al., 2012), amélioration de la fatigue (asthénie), des troubles du sommeil, de l’anxiété et de la dépression (John & al., 2015) 
  • Stimulation du système immunitaire (Davidson 2003, Pace 2009), chez des patients séropositifs (Creswell J.D., 2009, Jam S. & al., 2010, Gayner B., 2012), chez des femmes atteintes de cancer du sein (Witek-Janusek & al., 2008).
  • Douleurs chroniques (migraines, fibromyalgie, lombalgie…) (Kabat-Zinn & al 1985, Kingston & al 2007, Veehof & al., 2016, Hilton & al., 2016, Cherkin & al., 2016, Cropley & al., 2016)
  • Troubles de la sexualité (Althof, 2010)
  • Difficultés de contrôle de l’impulsivité : (accès de colère, hyperactivité physique)