Fonctionnement MBCT

Comment fonctionne le MBCT ?

Par Stéphany Orain Pelissolo, Psychologue-psychothérapeute. TCC, Thérapie des schémas, ACT, EMDR, MBCT, MBSR – Superviseur TCC et MBCT Formatrice d’instructeurs MBCT agrée par le Prof. Zindel Ségal. Enseignante à l’AFTCC .  www.mbct-france.fr

Extraits de son livre : Etreindre votre douleur, éteindre votre souffrance.

Le développement de la pleine conscience implique de savoir entraîner son attention pour revenir dans l’instant présent avec curiosité, ténacité, stabilité et fluidité afin d’accéder à une compréhension profonde de soi-même. Pour cela, il est nécessaire de développer aussi le calme, la bienveillance, l’empathie et une attitude curieuse.

Qu’est-ce qu’une compréhension profonde de soi-même ?

C’est accéder à la connaissance et à la compréhension :

  • De notre corps, en explorant toutes les sensations présentes, lesquelles reflètent souvent l’état dans lequel nous sommes.
  • De notre expérience de l’instant (sa tonalité affective, son caractère agréable, désagréable ou neutre) et de notre réactivité à cet instant (est-ce que je cherche à éviter le désagréable ? À maintenir l’agréable ? Juste remarquer cela sans chercher à interpréter. Qu’est-ce qui est bon ou mauvais pour moi ? pour les autres ?)
  • De notre état émotionnel (comment allons-nous ? Quelle est notre météo intérieure ?)
  • De l’état de notre esprit, les pensées et les images mentales qui vont et viennent.

Sans cette compréhension profonde de soi-même, il est difficile de ne plus se laisser embarquer dans le cercle vicieux de la souffrance.

Jon Kabat-Zinn, qui a développé, le programme MBSR définit la mindfulness de cette manière :  « État de conscience qui résulte du fait de porter son attention, intentionnellement, au moment présent, sans juger, sur l’expérience qui se déploie moment après moment. »

Cet état de conscience est opposé au fonctionnement en « pilote automatique ».

Le plus souvent, dans la vie quotidienne, nous faisons plusieurs choses à la fois, nous fonctionnons en mode automatique, nous sommes rarement là où nous sommes.

Le matin, à peine le pied posé par terre, vous êtes déjà en train de penser à tout ce que vous avez à faire dans votre journée ; sous la douche, en buvant votre café ou en vous rendant au travail, c’est la même chose.

Vous avez sûrement déjà vécu l’expérience d’un trajet maison-bureau où vous ne vous êtes aperçu de rien ni du paysage du nombre de feux ; à l’arrivée, vous étiez surpris d’être déjà là…

Le principe de la méditation de pleine conscience est de nous apprendre à nous arrêter et à être présent, moment après moment, à ce que nous vivons.

Vous me direz que c’est une perte de temps de ne faire qu’une seule chose à la fois et il est vrai que tout aujourd’hui nous pousse à « papillonner » d’une pensée à une autre, d’une tâche à une autre. En vérité, quand vous faites plusieurs choses à la fois, vous êtes moins concentré sur chacune d’elles, vous dépensez plus d’énergie car votre attention se déplace tout le temps, vous risquez fort d’oublier certains détails et vous êtes moins rapide.

Et, surtout, vous risquez des « dérapages », des sorties de route quand les pensées négatives qui surgissent malgré vous échappent à votre contrôle, volontaire et conscient, produisant les fameuses ruminations…

Difficile dans une société qui nous demande d’être hyperactifs et proactifs de modifier cette habitude de pilotage automatique. Pour cela, il faut s’entraîner et « rééduquer » son attention, comme on rééduque sa cheville après une entorse en faisant de la musculation.
Muscler son esprit consiste, lors d’exercices de pleine conscience (méditation, étirements, marche, manger, faire du sport), à rediriger encore et encore son attention avec curiosité dans l’instant présent.

Des pensées surgissent quand vous faites un footing, c’est un processus tout à fait normal, votre cerveau est une machine à fabriquer des pensées qui ne s’arrêtera pas ! En revanche, vous avez le choix entre suivre ces pensées, ruminer, anticiper, monologuer (bref, augmenter le volume de la radio) ou juste observer qu’elles sont là, sans vous enliser dedans et en ramenant votre attention à la pleine conscience de vos sensations corporelles, de vos muscles, de votre souffle (baisser le volume de la radio pour n’avoir qu’un bruit de fond inaudible).

Comme vous le voyez, cette méthode ne vise pas à ne plus avoir de pensées négatives, mais juste à noter qu’elles sont là, sans les suivre, et à ramener son attention sur le souffle et le corps. On entraîne ainsi son esprit à rester dans l’instant présent, à ne pas voyager sans cesse dans le temps, le passé ou le futur.

Méditer en pleine conscience pendant 30 à 45 minutes, c’est aussi faire un exercice sans rien en attendre de spécifique (bien-être, état de transe…).

Plus nous espérons quelque chose de précis, moins nous sommes dans l’instant présent, car notre attention se porte alors sur les signes qui vont dans le sens de notre attente.

D’un jour à l’autre, nous passons par différents états, jamais semblables, éphémères, comme l’impatience, l’irritabilité, l’envie de se lever, la détente profonde, le silence mental, la tristesse, la colère

Avec la méditation en pleine conscience, nous apprenons à « savoir être » avec ces états, à les observer sans chercher à les modifier ou à lutter contre eux comme nous avons l’habitude de le faire. Nous apprenons à accepter les choses telles qu’elles sont agréables ou désagréables. Cette acceptation est facilitée par le fait que nous pouvons constater le caractère éphémère de nos pensées, de nos émotions, de nos sensations physiques, grâce à une observation sans jugement et distanciée.